Mais pourquoi ne pas restaurer l’instrument actuel ?

L’église de Messancy ne disposa pas d’orgue jusqu’à l’installation de l’orgue actuel en 1905 puisque l’inventaire complet du mobilier religieux d’octobre 1883 ne mentionnait ni orgue, ni harmonium. Les comptes de la fabrique d’église (archives de l’Etat d’Arlon) mentionnent un premier don de l’ancien doyen Pierre Eicher en 1902 en vue de la construction d’un orgue neuf en l’église décanale de Messancy. En 1903, une commande fut passée auprès de Xavier Wetzel de Jambes (filiale belge des frères Link de Giengen an der Brenz – Allemagne) par contrat pour l’acquisition d’un instrument neuf. Plusieurs dons et subsides successifs permettent entre 1903 et 1908 de payer la totalité de l’orgue pour un montant total de 7507 francs. Il s’agissait d’un instrument à traction pneumatique de type romantique composé de 2 claviers et pédalier et disposant d’une dizaine de registres. L’instrument était composé de 2 buffets symétriques disposés au jubé de chaque côté de l’arcade du narthex (voir photo noir & blanc ci-dessous de 1976 IRPA – Institut Royal du Patrimoine Religieux). Lors de son installation, l’orgue ne disposait pas de moteur électrique; la fabrique engagea donc un paroissien qui actionnait les soufflets de l’instrument afin d’alimenter l’orgue en air. Ce n’est qu’après la première guerre mondiale qu’un moteur électrique remplaça le souffleur.

Comme bon nombre d’instruments de cette époque, il n’a malheureusement pas traversé le temps sans dommages ! En effet, au XXème siècle, secoués par des courants divers, beaucoup d’instruments ont subi des modifications souvent désastreuses. Celui de Messancy n’a pas échappé à tous ces remous … D’un petit instrument romantique d’une dizaine de jeux, les facteurs successifs ont voulu faire un instrument néo-classique permettant de jouer tout le répertoire musical pour orgue quitte à faire cohabiter des registres musicalement incompatibles. L’instrument a voyagé dans l’église: il fut descendu dans le transept en 1981 et fut remonté au jubé au début des années 2000. Les buffets ont été inversés afin de créer un grand buffet central ; la traction pneumatique a été partiellement électrifiée et l’appel des registrations, combinaisons et accouplements de claviers, a été agencé à l’encontre du bon sens. Le buffet en chêne d’origine a été prolongé d’un mètre par des panneaux de triplex et la traction électropneumatique émet des claquements dérangeants lorsque l’organiste utilise des sonorités douces. En bref, il s’agirait clairement d’une reconstruction plutôt que d’une restauration, ce qui engendrerait des coûts quasiment aussi importants que la construction d’un instrument neuf. En effet, il ne reste aujourd’hui pas grand chose du travail de Xavier Wetzel : les deux buffets d’origine et quelques tuyaux malmenés.